Production
La radioactivité
est nocive pour l'organisme. Mais quelles sont les causes et les conséquences
d'une exposition au niveau cellulaire et, plus généralement,
du corps humain ? Ce TPE traitant des effets de la radioactivité,
nous commencerons par définir ce que sont les réactions
nucléaires. Puis nous nous pencherons sur leur effet sur l'ADN
(information génétique), ce qui nous mènera à
voir si des modifications dans ce code peuvent avoir des répercutions
à plus grande échelle que la cellule.
Hypothèse
: La radioactivité crée des bouleversements dans le support
génétique, ce qui fait dégénèrer la
cellule et mène à des cancers.
Les réactions nucléaires
Il existe différentes
réactions nucléaires, ayant chacune ses causes et propriétés
propres. Il s'agit de transformations physiques complexes. Mais en quoi
consistent ces transformations et réactions nucléaires ?
Désintégration
a (ou fission nucléaire)
Elle concerne seulement les atomes les plus lourds (au moins 82 protons),
pour lesquels l'interaction forte retenant les nucléons ensemble
ne suffit pas à garder un noyau stable. Il arrive alors que 2 protons
et 2 neutrons soit éjectés ensemble, sous la forme d'une
particule a, qui est en fait un noyau d'hélium, l'atome à
l'origine de la réaction voit donc sa masse atomique et son numéro
baisser de deux unités. Par exemple, l'uranium 238 se transforme
en thorium 234. Dans la réaction, un noyau d'hélium est
éjecté à très haute énergie. Ce rayonnement
est très nocif et a une trajectoire très droite, due à
sa neutralité électronique, mais il ne parcourt quelques
cm dans l'air et quelques dizaines de µm dans la peau. Il est donc
dangereux lorsqu'une matière génératrice de rayonnements
a est ingérée ou inhalée.
Désintégration
ß-
Cette désintégration concerne les nucléides ayant
trop de neutrons, un de ceux-ci est alors transformé en proton.
Un électron est éjecté de l'atome, qui reste neutre
électroniquement. Par exemple, le cobalt60 se transforme en nickel
60 en perdant un électron. Cet électron est moins nocif
que le rayonnement a, et est plus facilement dévié, mais
il est relativement plus pénétrant : quelques mm dans les
tissus.
Désintégration
ß+
Contrairement la désintégration ß-, celle-ci concerne
les atomes ayant un excès de protons, un de ceux-ci se transforme
en neutron et un positon (ou électron positif : une particule semblable
à un électron, mais étant chargé positivement)
est éjecté de l'atome. Exemple : le carbone 11 devient du
bore 11 en émettant un positon. Ce rayonnement a les mêmes
propriétés que le précédant au niveau de l'organisme
Désintégration
par capture électronique
Cette réaction est en concurrence avec la désintégration
ß-. Elle se produit aussi dans des atomes en surplus de protons.
Un électron proche du noyau y est alors capté par un proton,
qui se transforme alors en neutron. Cette réaction peut entraîner
une radiation (photon) ou l'éjection d'un électron.
Emissions
gamma
Un photon gamma est émis du noyau, il s'agit d'un rayonnement dont
on peut déterminer l'énergie grâce à une formule
trop complexe pour que nous soyons en mesure de la présenter ici.
Il ne s'agit donc pas d'une transformation, puisque ni le noyau, ni l'atome,
en général, ne changent d'état chimique.
Suite à
ces rayonnements, se créent deux phénomènes simplifiés
si dessous) : l'ionisation et l'excitation d'un atome.
Les
sources d'exposition de l'homme
Les différentes
émissions qui représentent donc un danger pour l'homme sont
présentes autour de nous. Le corps humain est même radioactif
(dans une faible mesure). Mais quels sont donc les éléments
radioactifs naturels qui entourent l'homme ?
Le tritium (hydrogène ayant deux neutrons en plus de son proton)
est le principal élément radioactif d'origine cosmique (avec
le carbone 14) naturel exposant l'homme à des radiations. Mais
la plupart des éléments exposant l'homme à une radioactivité
naturelle sont d'origine terrestre. Etant donné qu'il datent de
la formation de la planète, seuls les isotopes dont la période
est extrêmement grande sont encore présents à l'état
radioactif. Les principaux sont présents dans les roches et sont
le potassium 40, l'uranium 238 et le thorium232. On estime la dose ingérée
par personne de 165Bq/jour (dont 163 d'origine naturelle, le reste venant
de retombées d'essais nucléaire et de l'industrie).
L'exposition
naturelle de l'homme à la radioactivité est faible, mais
par de études sur des animaux et par le suivi de victimes de l'incident
de Tchernobyl, du bombardement d' Hiroshima et Nagasaki, les effets sur
la cellule vivante ont été étudiés, ce qui
nous permet d'expliquer les conséquences cellulaires de l'exposition
à des rayonnements ionisants.
Des références
sont faites dans ce paragraphe, à des unités de mesure de
radioactivité, les voici :
Le Gray mesure l'énergie absorbée par kilogrammes de masse
1Gy = 1 joule par kilogramme
L'électron-volt (ou eV) est une mesure d'énergie aussi,
mais se base sur l'énergie d'un électron accéléré
par un potentiel de 1 Volt. 6,24.1018eV =1Joule
Les
lésions ADN
Dans
la matière vivante une dose de 1 Gy provoque, dans chaque noyau
cellulaire irradié, plusieurs milliers de lésions de l'ADN.
Quelle en est l'explication ?
L'ionisation
consiste finalement au niveau moléculaire en un transfert de l'énergie.
Cette énergie pourrait éventuellement devenir thermique
mais l'élévation de température pour 1Gy serait de
0,24millièmes de °C. Impossible que cela soit la cause de lésions
moléculaires.
Or ces lésions sont belles et bien visibles.
Les molécules, lors d'une ionisation, ou une excitation, sont très
instables à cause d'un surplus d'énergie rapidement transféré.
Deux cas se dégagent :
-Soit un photon est émis, alors la molécule retrouve sa
forme initiale (fluorescence) : aucun lien alors avec les lésions.
-Soit l'énergie est transférée à une liaison
chimique proche ce qui peut créer la rupture de cette liaison.
L'énergie est ainsi transférée entre les diverses
liaisons d'une même molécule voir se déplacer vers
une molécule voisine : les lésions moléculaires se
produit ainsi.
Ces ruptures ont lieu dans diverses molécules mais nous ne nous
pencherons que sur le cas de la molécule d'ADN logée dans
le noyau de la cellule.
Dans un noyau de cellule de masse 10-10g, soumis à une dose de
1Gy se produisent 20 000 ionisations dont 2000 sur les molécules
ADN. Soit 1/10ème des ionisations atteignent le code génétique
et sont susceptibles de modifier la structure de la molécule.
Effet
indirect sur l'ADN
Les lésions moléculaires sont relativement simples.
Prenons comme exemple l'expérience qu'est la radiolyse de l'eau.
Il s'agit, d'un côté, d'ioniser des molécules d'eau,
et d'un autre, de les exciter, car il s'agit des deux événements
conséquents d'une radiation de l'eau.
On notera les atome d'eau excités H2O* et les atomes ionisés
H2O+. (Il est à noter que l'électron libéré
lors de l'ionisation de l'eau s'entoure de molécules d'eau et est
appelé électron aqueux (ou e-aq).)
On a donc des molécules instables, qui ont tendance à se
séparer, puis à s'associer, en créant des produits
bien différents. L'ionisation et l'excitation des molécules
crée des instabilités, qui provoquent des séparations
et associations incorrectes. On peut donc étendre ces effets aux
chaînes ADN. En effet, certaines perturbations de la chaîne
d'ADN sont entraînées : modification des bases, ruptures
simple ou double brin, pontage inter- ou intra-brin ou pontage ADN-protéine.
Effet
direct sur l'ADN
Au
contraire de l'effet indirect, dans l'effet direct, la lésion
moléculaire vient d'un dépôt d'énergie
radiative très localisé en une région sensible
de la chaîne d'ADN. C'est le trajet des particules ionisantes
qui représente un danger pour l'organisme. Les lésions
sur les chaînes Adn sont alors élevés, et une
réparation de grande ampleur est nécessaire. Dans les
deux cas, on peut résumer l'effet des rayonnements ionisants
à ce schéma :
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A
l'échelle des chromosomes
Les radiations
peuvent aussi créer dans les cellules de mammifères des
lésions chromosomiques ou encore "aberrations chromosomiques".
Il est évident que si le support de l'ADN est bouleversé,
l'ADN le sera par ailleurs. Ici, nous pouvons observer le caryotype d'un
lymphocyte humain fortement irradié :
Fort heureusement, l'ADN peut être réparé, ou la cellule
détruite afin d'empècher des disfonctionnements trop grands
chez l'individu.
Les procédés de
réparation de l'ADN
Lorsque l'on
étudie le nombre
de cassure juste après irradiation et quelques heures après,
on constate que leur nombre a considérablement chuté. Dans
une cellule de mammifères, après une irradiation de 1Gy
on compte immédiatement après 1500 cassures. Plusieurs heures
après, les cassures ne sont que de quelques dizaines. La cellule
peut donc réparer ces lésions. Mais comment les brins sont-ils
réparés sans perdre d'information ni copier des informations
erronées ?
Pour
un seul brin lésé
Il existe deux modes de réparations par excision puis de resynthèse
: excision simple (remplacement de chaque base manquante) ou excision
d'un ensemble de nucléotides (plusieurs bases)
Dans
le cas du double brin
Il existe aussi deux modes de réparations par excision puis de
resynthèse : échange d'un brin de l'hélice A et B
ou lors d'une rupture double brin, de chaque côté sont cherchés
deux couples de bases identiques, une exonucléase élimine
les bases entre eux et soude les deux brins. La réparation perd
des données et laisse une lésion résiduelle.
Finalement,
la vie de la cellule post radiation peut se simplifier par ce schéma
:
Les rayonnements créent donc des lésions aux molécules
d'ADN réparées de façon fidèle pour la plupart.
Les lésions qui ne sont pas réparées peuvent donner
des lésions résiduelles stables, susceptibles de faire muter
de façon visible à l'échelle humaine.
Ces effets
au niveau cellulaire sont bien évidemment répercutés
au niveau de l'ensemble de l'organisme, voici des conséquences
courantes à des expositions.
Effets sur l'organisme
En fonction des doses
On observe des effets différents selon les doses absorbées
:
-Dose extrêmement
élevée : plus de 100Gy
Cause un dème cérébral, provoquant lui-même
des vomissements, convulsions et coma. La peau se détache, le plus
souvent. La mort survient en quelques heures.
-Dose très
élevée : plus de 10Gy
Troubles moins intenses, l'dème est pulmonaire ou intestinal,
l'on observe de graves hémorragies, perforations intestinales...
La mort survient dans les deux semaines suivant l'exposition.
-Dose élevée
: ±10Gy
Les troubles sont moins intenses, et si ils sont bien traités,
ils peuvent disparaître en une dizaine de jours, ce qui prouve la
réparation des tissus organiques. Cependant, la mort des cellules
osseuses peut fragiliser le malade, et son manque en plaquettes dans le
sang peut provoquer des infections ou aggraver les hémorragies.
Ces doses restent donc très dangereuses pour l'organisme, et doivent
être traitées, sans quoi la mort est inévitable à
moyen ou long terme.
-Dose de 5Gy
:
Les lésions sont moins sensibles, mais nécessitent aussi
des soins, car la dose peut encore être mortelle.
-Dose de 2
à 4Gy :
Il reste des déficits en plaquettes et certaines cellules pendant
plus d'un mois, l'individu doit être hospitalisé.
-Dose inférieure
à 2Gy :
Le malade n'est pas forcément hospitalisé, mais doit être
suivi car certaines cellules peuvent être en déficit
Nous avons
ici en exemple des cellules de rat une heure après une irradiation
de 1Gy, la plupart sont réparées, mais pour l'une d'entre
elles, il subsiste une anomalie non réparée (cependant cette
cellule est toujours en vie)
Cancers
radio-induits
Nous avons vu que les rayonnements ionisants provoquaient des dégénérescences
des séquences ADN, et donc des cellules. De cancers peuvent donc
apparaître suite à ces dégénérescences.
Les cancers se déclarent tard après l'exposition aux rayonnements,
mais ne concernent que des individus fortement irradiés. Ces cancers
ont tué de nombreuses personnes irradiées lors du bombardement
de Nagasaki et d'Hiroshima, même cinquante ans plus tard. De nombreux
sujets sont étudiés suite de telles expositions.
Effets
héréditaires
Les effets héréditaires apparaissent pour les descendants
de personnes ayant subi une irradiation de leur système reproducteur.
Les risques induits par ces effets ont été étudiés,
et ils sont bien inférieurs à ce qui était supposé
Cependant, des anomalies ont été observées au niveau
de la forme des chromosomes, ou même de leur association (trisomie,
monosomie).Certains scientifiques supposent que ces anomalies ne sont
pas beaucoup observées car les femmes ayant des anomalies génétiques
au niveau de leur gamètes ont souvent des fausses couches.
Les études effectuées sur des enfants d'irradiés
d'Hiroshima ou Nagasaki n'ont pas montré de troubles particuliers
dans leur descendance. La seule étude confirmant la possibilité
d'effets héréditaires fut effectuée sur 82 générations
de souris, avec toutefois des effets très faibles par rapport à
l'irradiation des géniteurs.
Nous avons
vu les effets des rayonnements ionisants sur la matière cellulaire
; des incidents au niveau de l'information génétique paraissent
donc avoir de graves répercussions sur l'ADN et donc l'organisme
en général.
Conclusion
Si on s'axe
sur l'information génétique afin de voir à quelle
point ces lésions ADN peuvent être dangereuses pour le corps
humain, on remarque que ces lésions sont trés nombreuses
en cas d'exposition. Cependant, ces lésions sont courantes : la
radioactivité ne fait qu'augmenter leur nombre. C'est pourquoi
nous possèdons des enzymes capables de reconstruire plus ou moins
fidèlement l'information, mais sans assurer l'absence d'erreurs.
L'hypothèse est donc validée.
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